EXTRAIT: Chapitre I TA-KIANG SE R VOLTE CONTRE LA TERRE Nul n'ignore que si l'ombre d'un homme prend la forme d'un dragon qui suit humblement les pas de son ma tre, cet homme tiendra un jour dans sa main la poign e de jade du sceptre imp rial. Mais nulle bouche ne doit s'ouvrir pour r v ler le miracle qu'ont vu les yeux; car la destin e serait renvers e et une nu e de malheurs descendrait du ciel. C' tait dans le grand champ de Chi-Tse-Po, trente lis de Pei-King. Le vent de la troisi me lune secouait les arbres, les arbres peu nombreux, car il n'y avait qu'un orme dans ce champ, c t d'un n flier. Vers l'orient s' levaient les dix tages retrouss s d'une pagode au del de laquelle apparaissait une pagode encore, plus vague et plus lointaine. C' tait tout; l'oeil pouvait s'emplir d'espace et arriver sans halte la ligne vaporeuse et rose de l'horizon. Sous le n flier un homme tait assis, riant la lumi re qui blanchissait la plaine d'un bout l'autre, sans intervalle ni h sitation, et parfois grelottant un peu malgr les trois robes somptueuses dont il tait v tu; car le soleil des jours de printemps r chauffe beaucoup moins qu'il n' claire, et les retours de froidures sont les plus sensibles au corps, comme le reproche de celui qu'on croyait ami blesse le coeur plus douloureusement. Cet homme, jeune encore et d'agr able mine, tait singularis au plus haut point par l'extr me mobilit de ses traits qui ne laissaient aucun sentiment inexprim , se tendant, se ridant, s'allongeant ou s' panouissant sous les diverses influences d'un esprit sans doute tr s prompt; ses petits yeux, que tour tour couvraient et d couvraient des paupi res clignotantes, roulaient avec tant de vitesse tant de pens es joyeuses, malignes ou bizarres, qu'ils faisaient songer par leur palpitant clat au miroitement du soleil sur l'eau; et sa bouche bien faite, toujours entr'ouverte par quelque sourire, laissait voir deux rang es de jolies dents blanches, gaies de luire au grand jour et de m ler leurs paillettes claires aux tincelles du regard. Tout cet tre tait d licat, fluet; on pressentait des dext rit s infinies dans la fr le l gance de ses membres; il devait monter aux arbres comme un singe et franchir les rivi res comme un chat sauvage; ses petites mains troites, un peu maigres, aux ongles plus longs que les doigts, taient certainement capables de tisser des toiles d'araign es ou de broder une pi ce de vers sur la corolle d'une fleur de p cher.
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