Les Bucoliques

Voici l'heure o les troupeaux cherchent l'ombre et le frais; o les vertes ronces cachent les l zards; o Thestylis broie l'ail et le serpolet odorants, pour les moissonneurs accabl s des feux d vorants de l' t . Et moi, attach la trace de tes pas, je n'entends plus autour de moi que les buissons qui retentissent, sous un soleil ardent, des sons rauques des cigales. Ne m'e t-il pas t moins dur de supporter les tristes col res et les superbes d dains d'Amaryllis ? Que n'aim -je M nalque, quoiqu'il soit brun, quoique tu sois blanc ? bel enfant, ne compte pas trop sur la couleur: on laisse le blanc tro ne, on cueille la noire airelle. Tu me m prises, Alexis, et tu n'as souci de savoir qui je suis, combien je suis riche en troupeaux, combien en blanc laitage. Mille brebis paissent pour moi sur les monts de Sicile; l' t , l'hiver, le lait nouveau ne me manque pas. Je chante les airs que chantait, quand il appelait ses troupeaux, Amphion de Th bes sur le haut Aracynthe. Je ne suis pas si affreux; je me suis vu nagu re sur le rivage, dans la mer calme et unie; et si le miroir des eaux ne nous trompe jamais, je ne craindrais pas, te prenant pour juge, Daphnis pour la beaut . qu'il te plaise seulement d'habiter avec moi ces pauvres campagnes, et nos humbles chaumi res; de percer les daims, et de chasser devant toi, avec la verte houlette, la bande press e de nos chevreaux.