Mme de Lafayette et Ménage [French]

Parmi les personnes consid rables de l'un et de l'autre sexe mortes depuis peu de temps, nous nommerons, dame Marguerite de la Vergne. Elle tait veuve de M. le comte de la Fayette, et tellement distingu e par son esprit et son m rite qu'elle s' tait acquis l'estime et la consid ration de tout ce qu'il y avait de plus grand en France. Lorsque sa sant ne lui a plus permis d'aller la cour, on peut dire que toute la cour a t chez elle, de sorte que, sans sortir de sa chambre, elle avait partout un grand cr dit dont elle ne faisait usage que pour rendre service tout le monde. On tient qu'elle a eu part quelques ouvrages qui ont t lus du public avec plaisir et avec admiration. La personne consid rable dont, en juin 1693, l'article des morts du Mercure galant parlait en ces termes, est aujourd'hui, dans cette brillante galerie du XVIIe si cle, une des figures sur lesquelles les regards s'arr tent avec le plus de complaisance. Elle n'a pas seulement re u chez elle toute la cour, ce qui peut nous sembler aujourd'hui assez indiff rent; elle a encore t la meilleure amie de Mme de S vign , et La Rochefoucauld l'a aim e. Elle n'a pas seulement eu part quelques ouvrages qui ont t lus du public avec plaisir et admiration; elle a crit un des chefs-d'oeuvre de notre langue et enrichi d'une parcelle d'or le tr sor de nos jouissances. N'est-ce pas plus qu'il n'en faut pour expliquer l'attrait qu'inspire le nom seul de Mme de la Fayette, et pour servir d'excuse ceux qui, apr s tant d'autres, apr s Sainte-Beuve, apr s M. Taine, sont tent s de parler encore d'elle et d' crire sa biographie ?...